Le Cinq

Dîner du 18 février 2008

Qu’est-ce qu’un bon repas finalement ? 

De bons convives, une bonne cuisine, de bons vins, un cadre élégant, un service efficace et ouvert…

Et qu’est-ce qui différiencie un bon repas d’un grand repas ? Une étincelle, un flux d’émotions qui traverse la table, un plaisir collectif et harmonieux, simultané, où l’ensemble forme une éphémère et positive osmose…

C’est ce que j’ai vécu ce lundi soir, où j’avais convié 5 convives (de qualité, ils se reconnaitront :o), pour un dîner au Cinq.

Pourquoi le Cinq ? Ayant le plaisir de pouvoir choisir le lieu, j’ai craqué pour cet endroit qui m’est personnellement cher (sans jeu de mots :o). Mon dernier dîner en septembre 2007 avait été très intéressant, j’avais donc hâte d’y revenir, d’autant plus que les rumeurs circulaient concernant le retour d’une éventuelle 3ème étoile (on sait maintenant que ce n’est pas le cas) et il me tardait de ré-évaluer le niveau de la cuisine.

Le Cinq parce que j’apprécie particulièrement, et plus que partout ailleurs sur Paris dans cette catégorie d’établissement, la qualité de l’accueil et du service.

Qu’Eric Beaumard (le directeur de salle) soit présent ou non – c’est évidemment encore mieux s’il est là :o), avec le personnel qui l’accompagne, Thierry Jacques, Thierry Hamon et tout leur staff, c’est toute une équipe archi professionnelle qui est à votre service, n’ayant pour seul objectif que votre bien-être et satisfaction. Nombreux ils sont, mais discrets ils le sont aussi. Sauf quand on les invite à échanger avec notre table, et là le repas gagne en rythme, en sincérité, en plaisir. Derrière ces gestes maitrisés (voir mécaniques car tellement bien rôdés), il y a une dimension humaine vraiment attachante dans ce service, que peu de clients finalement cherchent à déceler – par pudeur, timidité ou désintérêt ? – alors que l’équipe de salle n’attend que votre signal pour vous emmener encore plus loin.

Et enfin Le Cinq pour la beauté du cadre.  

Parlons-en du cadre. Simplement magique, composant avec une ossature classique, cossue et luxueuse, et intégrant des compositions florales absolument superbes. C’est flou, mais cà donne cà :

De plus près,  les tables sont parfaitement dressées, au millimètre, et évidemment très bien espacées :

 

Sur ces 2 critères, et dans ce registre d’établissement, Le Cinq frise pour moi la perfection. : un service hors pair qui oeuvre dans un cadre époustouflant.

On a donc nos convives, un cadre, un service, qu’en est-il de la cuisine et des vins ?

Confortablement installés dans nos fauteuils, nous partons sur le menu Découverte, tarifé à 135 euros. Vint alors le moment du choix des vins que j’aurai la lourde responsabilité d’assumer. Dans ce genre de situation, prise de risque interdite : la carte envoie du lourd et les tarifs suivent. Sauf que depuis quelques temps, une carte de bouteilles à petits prix – 30 à 60 euros – a vu le jour (toujours bon à savoir quand on ne veut pas dépenser un budget trop important pour quelques flacons). Alors entre cette sélection de bouteilles « judicieuses » et les centaines de grosses références que compte cette bible, je décide de mettre le curseur entre les deux, misant sur des vignerons de renom, sans pour autant aller chercher leurs premiers crus. 

Et voici le résultat en images :

Mise en bouche : petit soufflé et jambon espagnol

Timide entrée en matière, c’est bon mais pour un restaurant de cette gamme, on attend un démarrage plus flamboyant. Le seul point faible du repas.  Cela fait des années que cela dure, je ne sais pas ce qu’il faut pour qu’on décide à emballer le repas dès le début.

Royale de châtaignes de Corrèze en tiramisu

Champagne Franck Bonville, Blanc de blancs, 1998

 

Incroyable de justesse (en dehors de l’intitulé tiramisu que je trouve légèrement inapproprié, mais soit). Fraîcheur, jeu intéressant des textures, puissance de goûts. Excellent.

Cette découverte chez Franck Bonville, recommandée par le sommelier, fut à la hauteur de mes espérances : élégance, équilibre, fraicheur avec une belle maturité.

Huîtres de Marennes au poireau et jus de truffe

Riesling Nonnenberg, Weingut Georg Breuer, 2004

On enchaîne avec ce plat d’huîtres tout simplement fantastique. C’est « simple »,  mais quand les produits sont de qualité, les cuissons justes et l’assaisonnement approprié, on ne peut que s’incliner… c’est ce que l’on a longuement fait en dégustant ce riesling allemand, valeure sûre d’outre-Rhin.

Dos de cabillaud de ligne rôti en tajine

Puligny-Montrachet 1er cru Les Referts, Domaine JM Boillot, 2002

 

Originalité dans les saveurs pour ce cabillaud, parfaitement cuit. Des épices, des légumes, un mariage tout en douceur et bien équilibré. Copieux aussi.

Sur le vin, appréciant les vins de Jean-Marc Boillot, on s’est rabattu sur ce Puligny tout simplement magnifique qui se maria à merveille avec notre plat.

Boudin blanc façon George V à la crème de truffe

Nuits Saint Georges – Domaine Méo Camuzet, 2000

 

Un classique de la maison déjà goûté voici 2 ans. Mais que c’est bon, gourmand. Les goûts s’expriment pleinement, truffe en avant. Une petite purée toute en onctuosité et douceur accompagne ce plat.

Le Méo Camuzet me ravit. C’est ma première dégustation d’un vin de ce producteur, je suis comblé par la qualité du nectar.

La sélection de nos maîtres fromagers

Côte du Jura, Domaine Bourdy, 1989

 

Le chariot de fromages contient une riche sélection de produits. Carte blanche pour chacun, on se construit sa petite assiette, avec quelques recommandations de notre serveur. Sur le vin, je fais partie des partisans du sherry ou d’un vin de jura, bref, un vin apportant un côté oxydatif se mariant à merveille avec le fromage, notamment les pâtes dures. Or là, petite surprise, sur ce millésime 1989, le vin propose une incroyable fraîcheur et légèreté, plaisant d’ailleurs à mes compagnons de jeu pas forcément amateurs de vins de ce type trop prononcés. Très intéressant.

Pré-dessert : fruits rouges, granité à la violette

 

Surprise au fruits exotiques

Jurançon, Domaine de Souch, 2004

Probablement le plat le plus technique dans sa constitution. Très frais, léger, exactement ce dont on avait besoin à ce stade du repas. Côté vin, on a fait simple et sans risque, un bon petit Jurançon du Domaine de Souch apportant la sucrosité nécessaire et complétant bien le plat.

Le chariot de mignardises

On croyait s’en sortir comme cela… c’était faire erreur. Un chariot de mignardises se gare devant notre table et la gourmandise de chacun resurgit. Quelques pâtes de fruits, quelques caramels ou calissons, un mendiant par ci, un nougat par là…. gourmandise quand tu nous tiens.

Le repas se termine ainsi sur cette note sucrée, achevant une très belle soirée, où notre table vécut un repas totalement en harmonie avec le lieu, le service, les vins et la cuisine proposée. Une cuisine d’inspiration classique. Ici point de ludique, point de créativité débridée, à se demander s’il ne s’agit pas finalement d’une démarche volontaire et assumée par l’établissement que de proposer une cuisine classique mais de qualité.

Nous concernant, c’est exactement ce que l’on cherchait ce soir là, et en dehors d’une mise en bouche un peu faiblarde, il faut constater le sans-faute. Une magnifique soirée, une très beau et grand repas.

Merci à toute l’équipe ayant oeuvrée ce soir là, Messieurs Thierry (Jacques et Hamon) en tête. 

Votre humble serviteur, pensif… on était bien.

Laurent 

8 commentaires

  1. Merci de m’avoir fait revivre ce très appréciable moment si… intense en émotions tant pour l’esprit que pour les papilles !

    A refaire 😉

  2. Allons Laurent, après un tel repas enchanteur, tu aurais pu nous gratifier d’un sourire béat ! 😉

  3. :o) … c’est ce que je me suis dit en voyant la chose… je dois intérioriser plus que je ne le pense… :o)…

  4. Very interesting review, Laurent! Very analytical and I really liked that about it. Sometimes I feel I repeat myself in my write-ups, but your opinions are always conveying new information and I very much enjoy this about your blog.
    Absolutely PG 0204! :-). Wow. Then we can perhaps go for The V when I’m back next time(?) 😉
    I’ll be counting the days soon…

    Good night
    Trine

  5. Thanks a lot Trine ! I keep trying to be accurate while transmitting some emotions.

    Looking forward to this lunch (nice code name :o)

  6. Bonjour, je suis retombée par hasard sur les commentaires de Chauvel (Les magnolias au Perreux) sur le site de Patrick Chazallet, j’arrive en curieuse et je lis que vous utilisez un Lumix, je cherche justement à en changer, c’est quel modèle, en marco il a l’air de se défendre, même avec une faible luminosité…

  7. Bonsoir, c’est un DMC-FX2… en suis assez satisfait même si après avoir pu tester un relfex Nikon D40 par ex., ca reste un autre monde… :o)

    Merci pour vos commentaires !

  8. Génial ! C’est celui que je viens de commander… Reflex trop, trop tout pour moi…


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